26.4.05

28ème séance

séance du 21 avril 2005

donc que faire ? que faire de 10h à 12h dans la salle ville de paris ?
je ne peux pas récupérer mon pied-photo
je pose la caméra sur la corbeille à papier retournée
la glace me gêne je me place face au mur en face des fenêtres je m'échauffe je pense à autre chose plein d'autres choses je tourne je gigote je tournicote

je fais quand même
une main en poing contre la poitrine et l'autre au bout du bras écarté complet léger arc (28ème séance)
et sur la pointe des pieds les bras levés au-dessus de la tête (deux fois)
et les deux précédents avec un pied dans l'autre
et des sauts parenthèse
et les poings qui font la mobylette la guitare et la bagarre (28ème séance)

puis je reprends les mêmes mais en moignons c'est à dire sur les genoux (plus de jambes) et les bras repliés sur eux-mêmes (plus d'avant-bras) :

alors
une main en poing contre la poitrine et l'autre au bout du bras écarté complet léger arc devient le bras replié serré sur lui-même essaye de toucher le sternum pendant que l'autre replié idem du coude s'écarte du corps dans l'alignement de l'épaule
alors
sur la pointe des pieds les bras levés au-dessus de la tête devient se hisser sur les genoux et brandir ses moignons au ciel
les deux précédents avec un genou dans l'autre c'est à dire le genoux droit posé sur la rotule gauche (mais chute)
alors
le saut parenthèse devient sauter d'un genoux l'autre levé devant le bras parent replié sur lui-même levé au ciel l'autre replié sur lui-même le long du corps

je fais des commentaires à haute voix je dis les plombiers et les carreleurs portent des protège-genoux des sortes de coque en plastique dur fixée par deux lanières ; je devrais peut-être essayer avec

et j'arrête

de l'état des lieux du 14 avril 2005

comment parler d'un travail ? est-ce un spectacle ? au début je réponds ce n'est pas un spectacle c'est une présentation ; puis je me dis c'est un spectacle ; qu'est-ce qui n'en est pas ? je convoque un auditoire auquel je m'adresse ; je suis en face d'eux je gère le temps j'évite l'ennui le mien — le leur suivra (!) — ; c'est un spectacle ; pourtant il ne s'agit que de parler d'un travail ; un état des lieux la simple exposition d'une partie de ce qui est ; envie de recommencer — spectacle ?

mais maintenant que l'on m'a dit ah oui! tu danses je ne peux plus avoir la même approche de ma proposition ; bouger en faisant exister la place que j'occupe fait danse
qu'est-ce que je continue jusqu'en octobre 2005 ?

merci à micadanse, estelle, juliette et toutes celles/ceux qui ont quelque chose à y voir

27ème séance

séance du 13 avril 2005

dans le grand studio de 14h à 17h pour préparer l'état des lieux du lendemain (présentation du travail le jeudi 14 avril 2005 de 19h à 20h)
j'ai le projecteur vidéo le lecteur de dvd la chaise l'ensemble des comptes rendus relié d'un boudin blanc qui fait un objet auquel m'accrocher j'ai une bouteille d'eau

E. arrive à la fin d'un échauffement tout raide tout dur, je me retourne, elle me sourit, je me dit elle se moque parce que je suis tout raide tout dur, je dis on va faire ceci cela je suis un peu anxieux, elle dit j'ai bien vu ta nuque

j'ai découpé l'état des lieux en parties qui alternent lecture d'extraits de comptes rendus et moments dansés — je ne danse pas forcément ce que je lis ;
E. scande le décompte de ces périodes auquel je me soumets ou pas ;
projetées sur le mur du fond côté jardin (ou cour ?), cinq minutes de vidéo agencées sur une durée d'une heure : des raisons d'être_danseur ; + trois séquences sonores : échantillons répétés de reprises de batterie (led zep entre autres — cf. séance du 7 janvier)

à la lecture je m'ennuie un peu, pas de vrai statut, seulement : bien lire ;
parfois je bouge ce que je lis ; un autre mouvement apparaît ; p.e : je lis à nouveau les bras tendus pas trop devant les mains en retour l'une vers l'autre presque jointe pause puis les bras lentement s'arrondissent les jambes fléchissent pause puis pencher le buste — d'abord rotation horizontale des épaules et des bras vers la droite puis le buste le talon droit qui se soulève pointe au sol plie la jambe les reins creusés — plus le bras droit se retire en arrière avec épaule et partie du dos qui tire la nuque et la tête regarde où va la main droite pendant que le gauche conserve sage son arc isolé
et je fais assis sur l'avant de la chaise les jambes écartées pas trop lunettes sur le nez le texte dans la main gauche je lève le bras droit en l'écartant du corps le poignet cassé à 90° la main verticale paume vers l'intérieur je la regarde qui s'éloigne comme le bateau du port et afin de continuer à lire rapproche d'un mouvement circulaire étendu ascensionnel ma gauche de ma droite pendant que mes reins se cambrent les talons se soulèvent je suis toujours assis ma main droite tire vers l'extérieur mon bras gauche s'arque

sinon

je danse ma masse : debout droit les bras le long du corps les mains au bout ;dilater la chose qui est moi sans raideur dans son maximum d'air déplacé ; détendre et occuper

aussi

au fond du jardin il élabore sa vengeance + sur la terrasse il passe à l'action (séance du 7 avril) : des gestes commencés jamais aboutis, la main paume vers le haut le pouce ramené au-dessus ; le poignet cassé vers l'intérieur et le bras qui emmène le tout vers devant et partir à l'extérieur mais nulle part donc
ou
le même et l'autre bras monte pose la main sur le poignet mais déjà plus là
ou
le pied —coup vers l'extérieur, voûte voûtée — tire la jambe pour un pas de ballerine (le genou y fait rotule) et la cheville casse tout de suite ; il faut rattraper tout le corps qui s'affaisse
ou
reculer au fond et sur la pointe des pieds lever les bras au-dessus de la tête — avoir quelque chose à prouver
ou
les épaules collées aux oreilles, les bras tendus arqués devant le ventre les poings fermés sur un guidon (on sent le casque)
ou
de là un bras reste l'autre s'écarte pivote le poignet vers le haut comme on play-back de la guitare
plutôt basse
ou
de l'un ou l'autre des précédents les bras ramenés remontent les poings à la hauteur et alignement des épaules — il faut serrer

et restent

plus

sur la pointe des pieds
jambes droites
un bras écarté complet léger arc la main verticale paume à l'intérieur (parfois les doigts s'arrondissent, parlent de prendre)
le poing opposé ramené sur le sternum
le bras plié coude vers l'avant
regarder devant ou la paume au bout du bras écarté complet léger arc

plusieurs fois/y revenir/plusieurs fois

le même mais avec un pied dans l'autre
c'est à dire le gros orteil de l'un (vertical) posé entre le gros et l'index de l'autre (au sol)
de cet équilibre plusieurs fois

aussi

des chutes d'après une photo distribuée pendant le Dior n'est pas dieu d'Y.N. Genod
il faut finir au sol sur le côté appuyé sur un coude l'avant-bras pas encore posé poignet cassé au bout l'autre bras appuyé sur le côté supérieur du corps la tête retenue s'affaissant une jambe sur l'autre légèrement pliée la supérieure plus que sa soeur
je pars de ma masse et choit
beaucoup
ne pas retenir
ne pas se blesser
choir
genoux-cuisse-hanche-coude
encore repérer la position d'arrivée et recommencer
à droite puis à gauche
à gauche c'est plus gauche moins vive plus relâché surpris ça choit mieux vraiment
beaucoup
ne pas retenir
ne pas se blesser

aussi

de la traversée café muller en prenant le temps en arrêter souvent en repartant en faisant attention aux bras posés sur le torse tendus vers le bas les mains offertes tirées un petit creux dans la paume
en faisant attention aux pieds — comment ils quittent le sol comment ils le rencontrent comment ils y restent comment les genoux verrouillent/déverrouillent comment les cuisses tentent de s'échapper par le haut comment les surveiller ; autant de choses que j'oublie et que je sais

9.4.05

26ème séance

séance du 7 avril 2005

Y'a un truc, c'est que fumer un joint d'herbe et écouter King Crimson live à Philmore West ou Elvis Crespo c'est un plaisir qui vous fait danser nu devant l'ordi ! m'écrit un ami

de 15h à 17h dans le grand studio. Grand échauffement qui se termine sur le dos jambes pliées les genoux ramenés au-dessus du ventre, les mains ouvertes vers le haut à la hauteur de la poitrine
ouvrir et fermer les mains lentement et pleinement

j'en suis là et commence une sorte de pédalage, les membres toujours levés/pliés/arqués oscillent dans un avant/arrière approximatif axé diagonale avec torsion des chevilles par rapport aux genoux des genoux par rapport aux hanches des poignets par rapport aux coudes des coudes par rapport aux épaules — rien de grands mouvements
dans le même temps le tout balancent sur les hanches et les épaules ; tentative maladroite de reptation dorsale — un requin — ; sinon retenue de cette reptation : pédaler vriller ouvrir fermer mais pas déplacer — un vélo d'appartement ? non, c'est un hanneton — ; il faut revenir à l'endroit (le ventre)
les hanches et épaules sont les points d'appui
de l'une à l'autre des unes aux autres
même
les bras les jambes parfois vont pour se tendre (ouvrir) mais non
un bras plus (vaillant ?) se tend et reste figé tandis que le reste du hanneton bouge et
ou alors une jambe ; 45° du sol ; plutôt arrêtée dans une presque tension ; encore torsant ouverte tire vers un fosbury par les pieds
vrille les hanches au vertical les épaules dans le sillage — stop pause
retombe au dos et recommence
même à un moment les pieds du plat tapent au sol pour rebondir une onde sur l'ensemble du corps
la fin vient sur le dos avec les membres toujours levés/pliés/arqués qui oscillent de moins en moins dans un avant/arrière approximatif axé diagonale avec torsion des chevilles par rapport aux genoux des genoux par rapport aux hanches des poignets par rapport aux coudes des coudes par rapport aux épaules
de moins en moins
et stop

j'allume la caméra

plusieurs traversées en devenir/gisant
je m'arrête repart cherche l'origine du mouvement la partie de moi qui l'allume le chemin qu'il suit
sans oublier : rien que faire
les bras sont tendus, ou pas
les mains lourdes de sang, ou pas
les jambes solides et sûres mais jamais promptes, ou pas
les jambes fortiches, ou pas
les jambes à la godille (les pieds pendant au bout des chevilles ; les genoux qui brusques s'écartent quand il faudrait aller droit ; la cuisse qui monte trop vite), ou pas
les pieds qui tapent du plat au sol, ou pas
la tête en haut du cou, ou pas
la tête dans le cou, ou pas
pour changer de direction le torse par la tête penche balance qui imprime un coude que l'on prend

puis au sol je reprends du hanneton
mais celui-ci l'est moins
moins de pattes qui remue
plus de dos qui cambre et cabre et saute — un poisson dans l'herbe, vers la fin
plutôt stop pause en arc d'une pointe d'épaule à un talon avec une jambe ouverte à 45° et un bras vers le haut avec main en apnée
ou (à un moment)
sur une pointe d'épaule tiré par le bras avec main en apnée + deux hanches au sol + jambes ouvertes tendues pieds vers la gauche
puis de plus en plus hanneton dans l'herbe, vers la fin
balance d'une hanche/épaule à l'autre avec arrêt sur la crête et culbute inverse jusqu'à sur le ventre le visage et les pieds levés du sol — pause c'est fini

À tout ça je m'y suis fait mal
des coups des brûlures rien que de sur le moment
comme une chose qui ferait partie de la chose

Ensuite été voir loïc touzé : le corps doux mais heurté et la tête (dedans) inquiète avec des chevilles cassées des corps en parenthèses des gestes qui montent mais ne peuvent rester même un riff de guitare ou de basse mais on le retient : il est dans la forêt à l'orée du parc de la grosse baraque où a lieu cette fête dont il faut qu'il s'éloigne il a besoin de réfléchir surtout de penser à comment il va pouvoir leur dire tout ce qu'il a à leur dire il y a des scories de la musique et lui a les scories de ses ressentiments il faut qu'il agence pas se planter bien cadrer attention il répète ce qu'il a à leur dire c'est important il faut qu'ils comprennent qu'ils admettent mais rien ne va ou jamais assez il faut recommencer il faut refaire les croix il faut reprendre ceci oublier cela garder ceci changer cela au bout il a un petit paquet il va pouvoir tout leur balancer
ensuite sur la grande terrasse de la grosse baraque pleine de la clarté des lustres à travers les tulles il a mis son armure il commence mais il faut monter le ton la musique est forte et il y a autre chose à faire que de l'écouter il fanfaronne essaye d'accaparer on ne l'entend ni ne le voit il ne pourra même pas se battre

6.4.05

25ème séance

non-séance du 31 mars 2005

pas de séance ce jour-là car à la campagne — ah! la campagne, ici le gris tirant au carmin des jeunes doigts du tilleul, on a tous vu ça

mais G m'envoie ce commentaire après lecture de la séance du 24 mars

Il y a une nouvelle de Borges, c'est un homme qui décide de réécrire Don Quichote, de Cervantes. Il a grande connaissance du livre, et voudrait comprendre comment on peut écrire ça. Au mot près. Alors, il se lance. Il commence au début. Mais ça ne marche pas tout de suite : ce qu'il écrit n'est pas le texte de Don Quichote, de Cervantes. Alors il continue, des jours, des années. Trouver le mouvement intime de l'auteur, qui lui fait écrire ce qu'il écrit.
Je ne sais plus s'il y parvient à la fin de la nouvelle.
être_Cervantes, quoi


Donc, rdv le 14 avril à 19h au grand studio Micadance pour l'état des lieux d'être_danseur

Cher G! (qui participe à l'expo Écrire à haute voix, à la Ferme du Buisson à Noisiel, jusqu'au 3 juillet — www.lafermedubuisson.com)

et

vu tout à l'heure, au carrefour de la Porte des Lilas, un homme en trottinette s'approcher du passage clouté, s'arrêter pour cause de bonhomme rouge et s'appuyer de tout son long contre le mat du feu tricolore y compris (surtout) la joue, comme s'il écoutait l'objet, sans doute pour en tirer un peu de fraîcheur

2.4.05

24ème séance

séance du 24 mars 2005

petit studio de 9h à 11h
j'ai demandé à J d'assister à la séance

Échauffement, mais tout de suite en entrant mal à la tête au cœur

puis tourné un peu en rond et allongé sur le dos relever les pieds et le buste par tension les bras tendus relever devant les hanches puis toujours en tension les membres se plient se tordent en équilibre sur les fesses il faut tenir la tête sortie des épaules puis relâcher le dos au sol les membres montent pour tomber du ciel quelques ciseaux et les fauves

J m'arrête pour un commentaire : c'est très bien mais tu ne montres rien, rien de ce que tu fais ; tu ne tires pas ; tu passes d'une chose à une autre

je reprends avec une chandelle lente les jambes montent bien les bras en V derrière le dos décollés du sol tout repose sur la nuque et les épaules
petit à petit lentement mes hanches basculent vers mon visage je garde l'équilibre la stèle nuque + épaules jusqu'à ce que le pression sur le cou soit trop forte je roule sur le côté

J m'arrête à nouveau

(retranscription de la cassette)
j : il y a profondément quelque chose qui me gêne
la croyance en le mouvement
croire

f : ouais c'est une sorte de croyance
entre la soumission et la croyance

j : non c'est ça mais c'est pas ça
parce que tu ne joues pas tellement les images que tu évoques
à un moment tu te retrouves le sexe près de la bouche
ça fait signe et tu n'utilises pas
je ne sens pas la fiction que tu développes
j'y crois pas
pas qu'il y ait qu'une seule fiction, il y en a plusieurs mais
c'est comme les positions comme ça, c'est déjà vu mille fois (en tension les membres se plient se tordent en équilibre sur les fesses)
de bébé je ne sais pas
moi je ne vois pas assez comment tu le fais toi
c'est pas un enjeu

f : je devrais être plus attentif aux pensées que j'ai quand je fais, les grandir, être attentif à les grandir

j : toutes, même les pensées de ne pas y arriver

f : pendant la chandelle il y avait plus la pensée d'y arriver justement

j : la chandelle était super, elle aurait plu à un danseur comme X je pense. on aurait dit qu'il y avait deux toi en superposition un avec les jambes comme ça, un effet d'étrangeté
mais je pense que ce n'est pas une bonne voie de travail
c'est bien réussi mais pas une bonne voie pas assez de pensée d'image
pourtant t'es trivial comme garçon

f : tu me dis ça je ne sais plus ce que ça veut dire tout à coup
c'est quoi les bonnes pensées ?

j : y'a des images des pensées qui sont propres admises
cette position là qui vient du buto on la connait elle est admise elle est propre c'est repérable

f : mais c'est quand même la base de ce travail, prendre des choses dans des spectacles et les reproduire
pas copie pas parodie mais partir de

j : je croyais que c'était être danseur

f : c'est être danseur ; c'est aussi être danseur à travers un énoncé c'est pas prendre des cours

j : ce qui manque c'est un positionnement
à partir d'une figure prise autre part qu'est-ce que tu en fais ?

f : je suis en train d'en faire quelque chose mais je n'ai pas de visée
j'ai pas de projet en danse et je ne vois pas comment j'en aurais un
c'est peut-être la faiblesse de la chose
cette tentative est peut-être vouée à l'échec
ça ne suffit pas comme rapport c'est quasi un rapport de consommateur
ce que j'ai vu faire par d'autre moi je peux le faire alors je le fais
et le fait de reproduire de la danse quelque que soit la façon, fait de moi un danseur
c'est peut-être pas assez

j : on peut pas dire ça fait de moi un écrivain le fait de consommer de la littérature

f : ça peut être un projet que de dire ça
et il en sort quelque chose ou pas
la question c'est : qu'est-ce que je peux faire avec ces envies ? j'entends ce que tu dis sur le rapport

j : le projet j'y crois
pour moi c'est un peu extrême parce qu'il n'y a plus la médiation du texte ou de la photo etc.
si c'est j'imite ce que je vois dans des spectacles j'ai pas d'avis et tu n'y arriveras pas

f : il s'agit de reproduire
je vois des trucs super au spectacle, je rentre chez moi et je les fais chez moi
ça m'oblige à trouver la manière de le faire

j : tu pars d'un type de danse ?

f : non je n'y connais rien en danse
le buto j'avais jamais vu avant de commencer ce travail
la danse contact j'en ai vu pour la première fois il y a deux semaines
je travaille pas par rapport à une pratique en particulier mais plutôt me demander c'est quoi danser ?
tu me dis la chandelle aurait plu à X
X est une danseuse — que ce que tu dis s'avère ou pas — et pour moi c'est la preuve que je suis en train de danser
maintenant tu me dis ça ne m'interesse pas, ce qui m'intéresse c'est plutôt la matière de la pensée la manifestation de la pensée
je t'entends et je me demande comment je peux m'approprier ça

j : c'est un peu fort mais quand tu viens danser plutôt que penser que tu veux être danseur penser que tu veux faire un outrage à la danse
dans une relation assez tendue à cet objet

f : je ne peux pas faire d'outrage à quelque chose que je ne connais pas
c'est quoi un outrage à la danse

j : je ne sais pas
ne pas être d'accord
si tu es trop d'accord…

f : je ne peux pas arriver dans un endroit que je ne connais pas et dire c'est de la merde
je ne sais même pas de quoi je parle

j : il faut trouver une tension
je pense, dans le déni de
c'est là que tu as une tension pas la tension du corps hein!
quand tu commences à travailler la langue c'est quand tu commences à détester la langue
pas ceux qui la respecte, qui aime la langue, la belle langue, qui aiment les mots tout ça
les enregistrements d'antonin artaud il n'est pas dans un amour de la langue il déteste la langue il dit caca merde caca cul il est dans la langue c'est comme ça qu'il rentre dedans
avec la danse c'est pareil
je ne crois pas à je ne connais pas je ne peux pas outrager
il faudrait connaître avoir le cadre pour ensuite transgresser
tu peux transgresser dans un cadre tout à fait imaginaire

f : tu transgresses par hasard alors

j : pas par hasard
tu transgresse toi-même tu te transgresses
quand tu es dans cette position-là c'est très repérable tu sais où tu es tu peux transgresser tu peux sortir
au contraire tu restes dans ce cadre
pas de fantaisie de main qui se met à bouger hors du truc

f : tu parles comme-ci j'étais danseur réellement danseur avec une pratique une pratique chorégraphique aussi

j : je pense que tu es réellement danseur

f : je suis réellement comédien aussi
par hasard
je ne peux pas transgresser ce que je ne connais pas
qu'est-ce que tu fais ? tu ne fais rien
si tu ne sais pas ce que tu fais tu ne fais rien
je veux bien être danseur mais n'empêche je n'ai pas de pratique de projet de connaissances
si tu me tenais ce discours alors que j'ai cinq ans de pratique
quand je fais ça je ne pense pas directement au buto je vois bien la filiation mais ça me vient d'asselineau ou de dobbels
quand je fais ça je n'ai rien à transgresser
là je ne suis pas dans un appareil
je dis je ne suis pas danseur je le suis
je ne suis pas danseur j'ai juste décidé que
et maintenant je le fais
et ce que je fais je ne dis pas c'est le meilleur truc c'est nouveau
je m'en fous du nouveau
je demande juste c'est quoi la réalité de ça
j'entends ton truc de pensée dans le mouvement ou le contraire
tu vois quand je fais claudia triozzi c'est pas
quand je fais (il fait elle sort et salue ceux qu'elle quitte)
c'est pas de la parodie je ne me fous pas de sa gueule
je fais je peux te dire :
j'ai décidé de marcher comme ça avec les cuisses qui font ça je décide marcher comme ça je marche comme ça avec les pieds comme ça
elle arrive au portail elle se retourne et salue ce qu'elle quitte
là je fais attention à la positon de ma main devant mes fesses, là moins haut, l'autre au-dessus de la tête au bout du bras tendu plié et le visage les yeux écarquillés la bouche bien ouvrir
à chaque fois que je le fais
moi je ne sais pas je pense qu'être danseur un danseur quand il fait ça d'un coup tout de suite il est au bon endroit moi je réajuste sans arrêt
au début c'était toujours à réajuster maintenant moins j'arrive tout de suite quelque part où je veux être à peu près
la transgression elle est là-dedans : je suis spectateur elle fait son spectacle et quand tout le monde est parti je vais sur la scène et je le fais aussi
pas parce que c'est de la merde parce que ça me plaît
j'en veux de ça
quand je fais ça pour l'instant je n'ai rien à transgresser
(fin de la cassette)

puis je lui raconte les hommes qui se jettent sur les femmes et les femmes sur les hommes chez paxton
avec gestes et sauts éloquents

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